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Des chercheurs d'Avignon s'attaquent aux frelons asiatiques

L'équipe espère trouver un meilleur outil contre les frelons que le piège suspendu traditionnel ou la pulvérisation d'insecticides dans le nid, jugée nuisible pour l'environnement.

Ce sont les nouveaux parasites de l'été. Un peu plus larges qu'une guêpe et plus silencieux qu'une mouche, les frelons asiatiques survolent désormais l'ensemble du territoire français. Importés de Chine par erreur en 2005, ils représentent une menace de taille pour les abeilles européennes. "On n'arrivera pas à les éradiquer et ce n'est d'ailleurs pas le but, prévient Julien Vallon, qui s'occupe des bioagresseurs à l'Institut de l'abeille (ITSAP), sur le site de l'INRA, à Avignon. Mais l'objectif, c'est de comprendre comment localiser les nids et ensuite trouver un outil pour les détruire sans utiliser des tonnes d'insecticides qui détruisent l'environnement."

 

Placer les frelons sous surveillance

Le plan est simple : les chercheurs veulent capturer un frelon asiatique - une sorte de frelon européen avec des pattes jaunes -, l'équiper de balises miniatures pour le localiser dans un rayon de deux kilomètres à la ronde, le relâcher et attendre que la cible les conduise chez lui. "Chaque fois qu'on aura trouvé un nid, on testera la méthode du cheval de Troie, explique Sophie Pointeau, la chargée de mission du projet. En gros, on proposera au frelon un appât empoisonné qu'il ramènera dans son nid et qui contaminera la colonie. Un morceau de viande imbibé d'insecticide, par exemple."

Une fois débarrassés du nid, les chercheurs équiperont un autre frelon et ainsi de suite jusqu'au soixante-quinzième. "Il y a un risque que plusieurs frelons observés appartiennent en fait à la même colonie, concède Julien Vallon. Mais, c'est une espèce qu'on connaît si peu que toutes les informations sont bonnes à prendre."

 

En finir avec l'effet flash

Face à la multiplication des signalements, de nombreuses communes comme Avignon, ont pris le problème par le col en proposant de financer la destruction des nids. "Le problème, c'est d'arriver à les localiser, insiste Sophie Pointeau. Ils sont souvent en haut des arbres donc c'est un vrai défi de les retrouver et de les décrocher."

Pour l'heure, la méthode de prédilection reste la pulvérisation d'insecticides dans le nid, également appelée "effet flash". Jugée nuisible pour le reste des insectes et des oiseaux, la technique ne fait, cependant, pas l'unanimité. "Il faut qu'on trouve un autre outil pour que les apiculteurs puissent protéger leurs ruches sans détruire l'écosystème", plaide Julien Vallon.

L'étude pourrait également révolutionner la manière dont les communes gèrent cet enjeu écologique et sanitaire. "Si ça marche, ils pourraient investir dans les technologies comme les balises GPS, qui coûtent 150€ à l'unité, pour pouvoir trouver les nids quand les habitants signalent la présence de frelons asiatiques", imagine Julien Vallon.

 

L'équipe a jusqu'au mois de juillet 2022 pour rendre ses conclusions mais doit commencer l'expérience dès ce mois-ci.

article écoplanète La Provence